• Chapitre 1: La Ville d'Halloween

    Il y a bien longtemps, plus longtemps que l'on ne peut le penser, je me promenais dans les airs, gelant à mon passage, quelques arbres que je croisais. Je m'amusais comme un petit fou. C'était vraiment l'éclate totale ! Cette liberté...Quel bonheur ! Je ne m'en lasserais décidément jamais.
    Depuis que j'étais ce que j'étais, rien ne me faisait peur. Seule la Lune me rassurait. Rien ne me faisait peur ? Vraiment ? C'est ce que je croyais, à ce moment-là. Je ne savais pas encore ce que j'allais vivre bientôt. Qu'allais-je vivre, me demandez-vous? Ah, ça, vous le découvrirez en même temps que moi, à cette époque
    J'étais un jeune homme aux cheveux blancs. Mes yeux étaient d'un bleu peu ordinaire. Bleu océan pour être précis. Mon sweat était presque bleu foncé. Sur le col, il y avait du givre. Comme si j'avais tout fait pour en mettre. Ma poche de devant, sur le pull, avait eu le même sort. J'avais un pantalon marron clair et me déplaçais pied nu. J'avais dix-sept ans, et ce depuis des siècles. Mon nom ? Vous avez dû le deviné. Je suis Jack Frost. A l'époque où je vous racontais cette histoire, je n'étais pas encore devenu un Gardien. Mais, je connaissais déjà les autres Gardiens, bien évidemment. Enfin..J'en connaissais que deux: le Lapin de Pâque et le Marchand de Sable.
     
    J'étais un garçon plutôt joyeux, aimant faire des farces et m'amuser. J'adorais voir les humains, mortels, être surpris par ce que je leur faisais. C'était hilarant. Tiens, je me souvins d'un jour où je m'étais aventuré dans un petit village de campagne. Je me rappelai que je m'ennuyais à mourir. L'Hiver, saison que j'aime tant, venait d'être terminer, à mon plus grand désarroi. Même si cette saison était, pour les humains, terminée, pour moi, elle ne l'était jamais. Jamais je n'arrêterai de faire tomber de beaux flocons de neige.
    En entrant dans le village, par la voie aérienne, je vis un fille lire. Elle avait l'air de s'ennuyer à mourir, tout comme moi.
    Pour la distraire, j'ordonnais au vent de faire envoler son livre. Elle sursauta, surprise. Comme je l'espérai, les courants aériens faisaient voler le livre par-ci par-là. La fille essayait tant bien que mal d'attraper son bien mais elle n'y arrivait pas.
    Elle sautait, bougeait les bras, prenait de l'élan...Rien à faire. Je rigolais.
    C'était si drôle de la voir gesticuler ainsi ! Au bout d'un moment, fatiguée d'avoir tant bouger, elle s'assit, mit son poing sous son menton et attendit, l'air boudeur, qu'on lui rendit enfin son livre.
    Avec un dernier rire, je pris le livre et le déposai à ses pieds. La fille parut ahuri. Comment le vent pouvait-il poser un livre avec autant de soin et de précision, devait-elle se dire. Ah oui, j'oubliais de vous dire...j'étais toujours invisible, aux yeux des mortels. Un vrai fantôme quoi ! Pour qu'elle ne soit plus énervée, je fis tombé un peu de neige. En voyant cela, elle sursauta de nouveau et sourit.
    Rien que de penser à ce souvenir, j'en étais plié de rire, directe. Cela me fis sourire, aussi.
     
    Tandis que je marchais dans une plaine, ne regardant plus où j'allais, je me cognais contre quelqu'un. Cognais ? Je fus très surpris, choqué même. Je crois avoir buter contre une jambe. Je relevai la tête et vit un être deux à trois fois plus grand que moi. Et pourtant, je n'étais pas petit ! Étais-je en train de délirer? Je me pinçai légèrement. Non, je n'hallucinais pas. Vraiment pas.
     
    L'étrange personnage ne semblait pas s'être rendu compte qu'on l'avait bousculé. Il continuait son chemin. Je le regardais, toujours suffoqué d'avoir eu un contact. Apparemment, il se dirigeait vers une forêt. Une forêt tout aussi étrange que lui.
    Bizarrement, je le sentais pas, ce type. Il était louche. Sa démarche était ferme, sûre et avait beaucoup de grâce. Il devait cacher quelque chose, c'était certain. Malgré ma méfiance, je me mis à le suivre, discrètement. Ses...quatre longs doigts étaient un peu repliés, et un seul était posé sur sa 'bouche'. Il réfléchissait. A quoi ? Je ne saurais le dire. Du moins, pas à ce moment-là. De mon coté, je réfléchissais aussi. Je me demandais qui était cet individu à la taille impressionnante. Et cette maigreur ! Il n'avait rien manger depuis des jours ou quoi !
    Même moi, qui vit depuis quelques siècles, n'étais pas aussi maigre que lui. Et puis, d'où sortait-il ? Comment se faisait-il qu'il m'avait touché ? Jamais personne ne l'avait fait depuis...depuis...que j'étais mort, gelé dans un étang. Ma curiosité augmentait tandis que nous nous déplacions.
    Cet Etre ne m'inspirait pas confiance. Même de dos, on aurait dit un psychopathe, prêt à vous torturer jusqu'à que mort s'ensuivre. Heureusement pour moi, j'étais déjà mort. Mais, je ne me doutais pas qu'à cet instant, ma peur, que j'avais enfoui au plus profond de moi depuis très longtemps, allait ressurgir, de nul part.
    Arrivé au coeur de la forêt l'étrange créature avait disparu. Et j'entendis un bruit de porte se renfermer d'un claquement. Une porte ? En pleine forêt ? Je ne voyais aucune maison dans les parages !
    Je m'approchai des arbres, qui semblaient former un cercles. Ce que je vis me stupéfiai plus que lorsque j'avais rencontré ce gars. Il y avait bien une porte. Et il y en avait pas qu'une seule ! Il y en avait, en tout, cinq. Deux attirèrent mon attention.
    La première ressemblait à un sapin joliment décoré. L'autre était sous la forme d'une citrouille faisant une horrible grimace. A quoi pouvait faire référence ces deux portes, qui me semblaient si familière...Un sapin décoré de boule de toute couleurs, avec une belle étoile jaune...une citrouille souriant avec l'air mauvais...A quoi ça pouvait bien se reporter ? C'est en fixant l'étoile que je compris. Ces portes correspondaient à deux fêtes bien différentes: Noël (Fête de joie et de bonne humeur) et Halloween (Fête d'effroi et...de bonbons).
     
    Bien qu'à mon habitude de choisir ce qui correspondrait en parti à ma légende, j'ouvris la porte de la citrouille. Dans son tronc, il faisait noir. Rien que noir. Puis tout un coup, un étrange vent, que je ne contrôlais pas, m'attira à l'intérieur du tronc. Je poussai un cri de surprise. Non mais vraiment ! Chaque chose que je rencontrais ce jour-là me surprenait. C'était hallucinant !
    Je me sentais en train de tourner, tourner, tourner...jusqu'à m'arrêter. Mes yeux, s'étant fermés, s'ouvrit et je découvris avec stupeur que j'étais quasiment dans la même forêt que tout à l'heure. Quasiment est le mot et je pouvais vous assurer que la chose qui différait par rapport à tout à l'heure était l'air. Je pensais qu'il n'y avait pas beaucoup de chaleur dans le coin et en déduisis qu'il faisait froid. Dans le ciel, une lune orangé en forme de citrouille fixait un point que moi-même ne pouvait voir.
     
    Je marchais longtemps jusqu'à découvrir un endroit glauque et terrorisant à la fois.
    C'était un cimetière avec de nombreuses tombes. Il y avait, ici et là, quelques citrouilles allumés. Elles semblaient me surveiller du regard, d'un air mauvais. A croire qu'elles allaient toutes me sauter dessus et arracher ma chair. Bien sûr, j'étais un fantôme mais qui me disait que ces citrouilles se nourrissaient aussi de fantôme ?
    Ça me mit mal à l'aise. Très mal à l'aise.
    Il y avait aussi une colline. Assez étrange, en fait. Sur l'une de ses parties, elle semblait finir en boucle, comme si c'était un chapeau de sorcière.
     
    « L'endroit est glauque, pensais-je, en frémissant, malgré ma basse température corporel »
     
    J'entendis soudain des hurlements d'effroi. Suivit de cris. De là où j'étais, je n'aurais pas su dire si c'était avec terreur ou avec joie. Mon avis, c'était des cris de terreur. Inspirant à fond, je me dirigeai vers la ville inquiétante qui se trouvait non loin du cimetière. La forme des maisons étaient de formes bizarroïde et sombres. Mon instinct me dictait de ne pas y aller mais ma curiosité et mon désire de sauver des personnes, sans doute en danger, étaient si forte que cela l'emportaient dessus. Je m'envolais puis me posai dans une ruelle, dans l'ombre, et vit enfin les citadins de cette ville si inquiétante à mes yeux. En les voyant, je ne pus m'empêcher de grimacer de dégoût: c'étaient des monstres. Chacun avait sa particularité d'être d'une laideur alarmante.
    Je n'étais pas soigneux mais voir ces gens m'horripilais. Cet enfant, par exemple. Il était très gros et ses yeux semblaient avoir été cicatrisé. On aurait dit qu'il avait perdu la vue. Mais il voyait bien, puisqu'il semblait fixer un point quelconque. Un battement de paupière le prouvait. Tournant la tête, j'aperçus un enfant momie avec un seul oeil. Un seul oeil !? Pauvre p'tit gars.
    En observant les enfants de la ville: un garçon chauve-souris, trois enfants avec différents masques...Tous étaient laids. Les adultes aussi étaient moches. Sauf peut-être cette fille bleu aux gros yeux noirs. En tout cas, je n'avais aucune envie de rester.
     
    Je m'apprêtai à partir, lorsqu'une voix, presque menaçante et à la fois...gracieuse, murmura à mon oreille:
     
    « Bonjour, jeune homme...Que fais-tu dans la Ville d'Halloween ? »
     
     
    Je fis volte-face. Et fus tout simplement choqué.
     


    A suivre..


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