• Chapitre 2: La proposition de l'Epouvantail

    Le propriétaire de la voix était tout simplement effrayant. Tout en lui terroriserait n'importe qui.

    J'étais obligé de lever la tête pour dévisager mon interlocuteur.
    Sa taille était impressionnante ! Il était aussi grand que le mur, là-bas, dans la ruelle qui rejoignait la Place où je me trouvais. Le mur, lui, faisait trois mètres et quelques centimètres. Si l'individu qui venait de me parler faisait cette taille, alors j'étais vraiment dans la merde. De plus, je ne m'étais pas tromper sur sa maigreur. Il était maigre à faire peur. Je fixais ses doigts. Des doigts squelettiques, pas de chair et de sang. Sa tête, quant à elle, était ronde et aussi blanche que ma neige.
    Il portait des vêtements assez sombres, comme s'il allait à un enterrement. Des habits noirs, ainsi qu'un nœud-papillon en forme de chauve-souris.
     
    Les habitants de cette lugubre ville me fixaient, l'air d'attendre que je réponde. Le squelette aussi attendait. Sans trop le montrer, je sentais qu'il s'impatientait. D'un air et d'un ton insolent, je répondis que je ne faisais que passer. Le grand personnage émit un rire glauque puis il répéta, l'air mauvais :
     
    « Tu ne fais que passer, c'est cela... »
     
    Il ricana de nouveau, avant de reprendre :
     
    « Dans ce cas, mieux vaut profiter de ta visite pour te révéler notre...véritable nature ! »
     
    Après ces paroles, je ne vis pas le coup qu'on m'infligea, ni qui me l'avait fait. Je m'effondrais à terre. Avant de perdre connaissance, j'entendis des ricanements sinistres et sadiques. Plusieurs questions me trottaient la tête. Et des craintes également. D'abord, je me demandais qui m'avait assommé. Ensuite, je voulais savoir pourquoi. Le ton qu'avait employé cet inconnu me faisait peur, et puis cela avait une force impressionnante. Pourtant, je n'étais pas trouillard, à la base. La crainte qui m'inquiétait au plus au point, c'était de ne jamais pouvoir partir.
    Et s'ils me gardaient prisonnier ? Non ! Je ne voulais pas y penser ! Je refusais d'y songer....Catégoriquement !
    Une image angoissante m'apparut: moi, me faisant tuer pour de bon. Eux qui semblaient heureux que je sois mort pour de bon. Heureux qu'une Légende s'éteignit. Je croyais que c'était des assassins et des crapules de service. Je me promis de faire leur fête quand j'aurais repris conscience. Ils goûteraient tous à mes pouvoirs glaçants. J'avais hâte de les voir enneiger ou prit dans ma glace.
     
    J'ouvris les yeux. J'étais dans une pièce circulaire et j'étais allongé dans un lit peu confortable. Il faisait noir, totalement noir. Il n'y avait pas de fenêtre. Où se trouvait la porte ? C'était bien la première question que je me posais. Avec mes mains, je cherchais cette porte. Que je trouvais instantanément. Je tentai de tourner la poignée. Verrouillée. J'étais donc bien prisonnier, comme je l'avais craint.
    Puisque la sortie m'était apparemment interdite, je tentai de chercher l'interrupteur de la lampe qui devrait peut-être se trouver dans cette pièce. Le résultat fut un échec. Aucun interrupteur se trouvait dans cette pièce. Je me dirigeais vers un coin de la pièce et attendis, patiemment, que l'on vint me libérer.
     
    Les heures furent longent et je m'ennuyais à mourir. J'aurais pu m'amuser avec mes pouvoirs mais cela n'aurait servit à rien car je ne voyais strictement rien et puis cela n'aurait pas servit à grand chose.
    Embêter quelqu'un ? C'était impossible, voyons. J'étais seul. Entièrement seul. A moins que je nage dans le plein délire, il était improbable qu'une personne quelconque soit avec moi. Hormis...les petites bêtes. J'entendis, d'ailleurs, ici et là quelques grattements de souris ou de rat, qu'importe, mais rien d'extrêmement dangereux. Les heures me parurent interminables lorsque enfin on me glissa un papier où était écrit plusieurs choses. La lettre me parut un peu courte, de loin. Je pris ce papier. L'écriture était fine et raffinée. N'aimant pas trop lire, je me forçais à le faire :
     
    '
    Cher Esprit Inconnu,
     
    Tout d'abord, je te souhaite la bienvenue dans la Ville d'Halloween. Comme tu dois t'en douter, cette ville regorge d'effroi et d'épouvante. Ne pense pas que ma ville ne se résume qu'à cela. Malgré notre passion d'avoir peur et de faire peur, nous sommes comme tout autre ville. Ton désir est d'être libre ? Tu le seras bientôt. Je t'expliquerai aussi la raison du pourquoi je, car c'était moi, t'ai assommé.
    Je viendrais te libérer ce soir, vers minuit. Je te laisse si joint une montre. Si tu ne sais pas lire l'heure, il suffit que tu ne fixe que le douze.
     
    Signé: l'Organisateur de la Fête d'Halloween'
     
    Ah, ah...Cet organisateur, que je pensais ne pas avoir encore rencontrer, allait m'aider à m'évader. Génial ! Je ne supportais plus cette odeur de soufre. En m'étant habitué à l'obscurité, je pris la montre dont
    il parlait dans la lettre. Assez glauque mais ça ne m'étonnait pas. Elle était noire avec quelques motifs de crânes. Les flèches étaient un peu en zigzague. Je me mis à fixer le chiffre douze. Mais avant, je regardais où en étaient les aiguilles. La petite était...bientôt sur le chiffre à fixer et la grande vers le neuf. Super ! J'étais heureux de devoir encore rester un petit quart d'heure dans cette prison.
    Ca allait me rendre fou...Je désirais ardemment sortir d'ici, de foutre le bordel, d'emmerder quiconque passant sur mon chemin. Jamais je ne m'étais ennuyé de la sorte. Celui qui m'avait enfermé, sans raison, allait en subir les conséquences ! J'étais l'un des rares personnes ne supportant pas d'être enfermés. J'aimais ma liberté, ma paix, mes jeux. M'en privé, c'était comme...Comme...Comme me tuer une seconde fois. Je me remis à fixer la grande aiguille de la montre gothique : plus que dix minutes. Pourquoi m'obligeait-on à rester là, à ne rien faire ? C'était si peu agréable ! Je fermais les yeux et m'endormis.
     
    Ce fut une porte violemment ouverte qui me réveilla en sursaut. Hagard, je regardais le nouveau venu. Oh non ! C'était le squelette de la dernière fois. D'un ton féroce, je lui criais de ne pas avancer. Mais il m'ignora superbement. Au contraire, il semblait essayer de me réduire au silence en m'effrayant plus. Sans prévenir, il me giflait, me balançait (à ma plus grande surprise, pour la force de ses bras) sur les murs. Il me griffa un peu, fit tout pour m'épouvanter, en gros. Ensuite, lorsqu'il fut sûr que j'étais tétanisé, il commença d'un ton menaçant et délicat :
     
    « Alors, mon cher, t'es-tu bien réveillé, à présent ?
     
    -O..Oui... »
     
    Pour la première fois de ma vie, j'avais bredouillé. Je mourais d'envie de lui hurler de me laisser partir, de fuir cette endroit maudit.
     
    « Fort bien, continua-t-il. J'imagine que tu t'amuses bien avec...Les souris et autres bestioles.
     
    -Non ! C'est faux, répliquais-je. (Je repris mon assurance et déclarais d'un ton furieux) Vous n'aviez pas le droit de m'emprisonner ! Vous le saviez, hein ! Vous le saviez que je détestais être privé de ma liberté !
     
    -Peut-être. Qui sait ? »
     
    Il m'avait répondu d'une voix calme et posé. J'avais l'impression qu'il avait décidé de me torturer un peu mon mental. Et l'organisateur qui devait venir m'aider à m'évader...Où était-il ? Il aurait dû arrivé avant cette affreux personnage, non ? D'ailleurs, allait-il me torturer continuellement jusqu'à que mon sauveur arrive ? Comme si la grande personne avait lu dans mes pensées, il m'informa, d'un ton pressant et sombre :
     
    « Ne perdons pas de temps. Il faut vite te conduire dans un endroit...plus accueillant.
     
    -Plus accueillant ! J'attends de voir...Grommelais-je.
     
    -Oh, mais tu verras bientôt ! »
     
    Il me prit brutalement le bras et m'emmena hors de la prison. Je tentais de me libérer. J'étais à peine sorti de prison que je me sentais encore prisonnier. Je tirai de tout mes forces, utilisais mes pouvoirs hivernales, rien à faire. La grande personne m'ignorait royalement. Il luttait contre mes pouvoirs, tout en continuant de marcher (et tenant, à ma plus grande frustration, ma main). Sortant dehors, je vis que nous étions toujours à Halloween Town. Les habitants étaient partis. Enfin pas tous, car j'entre-aperçu une silhouette féminine nous fixer. Cette silhouette était cachée derrière un puits avec une cage de forme humanoïde. J'avais envie d'aller la voir mais emprisonner par la main du squelette m'en empêcha. Il me conduisait d'ailleurs vers un bâtiment, qui devait être la salle de spectacle de la cité. Il me lâcha la main tout en me surveillant du coin du regard.
    Il m'ordonna de m'asseoir sur le banc de devant. Je l'ignorais et, ignorant qu'il me surveillait, je m'envolais vers le toit que j'avais troué. Je n'allais pas rester moisir ici. Je refusais de devenir un fou, un psychopathe, prêt à tuer quiconque me croiserait. Déjà qu'être prisonnier m'effrayait au plus au point, devenir un malade mental me terrorisait. Je volais le plus vite que je pouvais, comme si ma vie en dépendait. J'entendis à peine le soupir que poussa mon geôlier.
    Tout d'un coup, je me pris un truc rond dans le dos. Je tombais au fond de la salle avec la chose ronde. Le coup m'avait sérieusement fait mal. J'avais l'impression qu'on m'avait brisé la colonne vertébrale. Me retournant, je vis que la chose...n'était autre que le crâne du squelette. Son corps était assis sur le devant de la scène, les mains croisés. Je poussais un hurlement d'effroi. Il sembla adorer mon hurlement.
     
    "Maintenant, tu vas t'asseoir bien gentiment sur ce banc, fit le crâne, d'un ton menaçant et doucereux.
     
    -...O...o...Ok, répondis-je, en m'exécutant, tant bien que mal.
     
    -Bien. Parfait, même ! "
     
    Son corps squelettique se dirigea vers son crâne et remit ce dernier sur le haut de la colonne vertébrale. Voir ça m'effrayait. Je n'avais jamais vécu ça. Cette expérience, je le sentais d'instinct, n'allait sûrement pas être la dernière, hélas pour moi. La grande personne se rassit sur le devant de la scène, me regardant, l'air pensif. Il parut plisser les...orbites de ses yeux. Il prit son inspiration puis il commença:
     
    "Tu te demandes quand l'organisateur de cette ville viendra t'aider, n'est-ce pas? (Je hoche, tremblant, la tête) Et bien figure-toi que c'est déjà fait."
     
    Surpris, je continuais de l'écouter.
     
    "Relis la lettre que tu as dans ta poche (je le fis et pendant ce temps, il poursuivit son monologue). Je suis l'auteur de cette lettre. Comme tu dois le comprendre, je suis l'organisateur de la fête d'Halloween. Je porte le même prénom que toi et mon nom de famille est Skellington. Jack Frost, j'ai fait des recherches sur toi, pendant que tu étais prisonnier. Ta légende est fascinante, je trouve.
     
    -M...merci, réussis-je à dire. Et...Et la vôtre? Elle...Elle parle de quoi?
     
    -La mienne parle d'un squelette, c'est-à-dire moi, épouvantant mille et uns humains. Quiconque me croiserait se verrait terroriser à vie. Enfin, (il fit un geste un peu théâtrale) il mourrait prématurément, juste après avoir vu l'effroyable personnage. On m'appelle souvent le Prince des cauchemars, le Roi d'Halloween, des citrouilles et de l'épouvante. On exagère un peu tout de même. Je ne suis pas un épouvantail 'vivant', car je suis un épouvantail brûlé, aussi monstrueux qu'on ne peut le penser."
     
    Ainsi donc, me voilà en présence d'un épouvantail, aux humeurs changeantes. Qu'allait-il faire de moi ? Je voulais partir d'ici, de cette ville qui me faisait, à présent, horriblement peur.
     
    "Ce que je vais faire de toi, répondit-il, à la question, qui, apparemment, j'avais posé à voix haute. C'est simple. La voyante de la ville d'halloween m'a informé qu'un dangereux mal guettait Halloween Town. Elle m'a prévenue qu'il valait mieux que je découvre ceci avec le fantôme maîtrisant des pouvoirs hivernales. (je compris avec horreur qu'il parlait de moi). C'était peu avant ton arrivée ici. Je suis ravi que tu sois venu. Très ravi, même. J'avoue ne pas savoir de quoi parlait cette voyante, mais il est clair qu'il est vital que tu sois là.
     
    -Ca...Ca ne concerne que votre ville...Pourquoi vous aiderais-je ?
     
    -Détrompe-toi. Cela concerne le monde entier. Et j'imagine que, toi, adorant jouer, tu ne voudrais pas que ces pauvres petits humains meurent et que toi, tu t'ennuie pour l'éternité, non ?"
     
    Argh...je n'avais pas le choix. Je devais donc l'aider. Aider cette épouvantable squelette du nom de Jack Skellington. Je ne voulais pas coopérer avec lui, c'était hors de question ! Mais...D'un autre coté, imaginé un humain mourir, comme ça, c'était comme si on me rejetait dans cette prison à l'odeur de soufre. Et je ne voulais pas, je refusais d'y retourner. Ça serait une pure torture. De plus, même si j'essayais de sauver les humains, peut-être que quelque chose m'en empêcherait en me faisant disparaître... Je réfléchis longuement. Entre coopérer avec un épouvantable squelette et s'ennuyer pour toujours, le choix n'était pas compliqué ! Mais je refusais de coopérer. C'était décider, j'allais m'occuper du danger sans lui ! Je lui répondis donc que je déclinais la proposition de l'aider. C'était hors de question que je sois aider d'un monstre sanguinaire. Il soupira de tristesse. Il m'informa qu'il imagine qu'il devra attendre que je réfléchisse mieux. Réfléchir !? La question ne se pose même pas !
     
    Je ne vais pas me laisser amadouer. Ça jamais ! L'épouvantail soupira de nouveau et me dit que je pouvais partir, dans ce cas-là. Génial, je sortais joyeusement de la salle quand soudain, je reçus quelque chose de plein fouet. Putain...me dites pas que c'était encore...
     
    A suivre...


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